Il y a peu d'endroit où l'on voudrait mourir. Mais parfois on traverse un paysage, on s'arrête, on entend les graines du temps tomber un peu lourdement dans sa poitrine. Oui, là...les ombres courbes du proche comme des lointains sont un embaumement. Et tout le reste du soleil dans chaque présence minérale ou végétale se laisse cajoler dans le regard. L'air aime votre peau et les bruits vos tympans. On pourrait s'allonger, respirer une dernière fois et fermer les yeux sans regrets.
Les côteaux de Jurançon rassemblent ces délices, avec la vigne en plus.
Autrement dit, le problème du plaisir, éventuel, d'un dernier verre, ne se pose pas. il devient un rite de passage absolu.
Olivier Deck raconte que vers la fin de sa vie, Manciet, ce poète des éthers des Landes, ravivait les braises de ses acuités chancelantes d'un trait de Clos Joliette et la cheminée dans la pièce soudain n'était plus seule à lancer des escarbilles.
Il est donc temps d'ouvrir une grande bouteille et laisser s'installer la lune jaune au-dessus du pied de cristal transparent.
Un autre, Didier Bourda - et cet autre habite ce pays - dit en parlant d'un vigneron du chemin de Larredya :
" Esguit / Costat d'Arrer / Capceu / Solhevat/
A chaque nom tu changes de versant
Tant que tu trouves un peu réduit tu tournes ta langue
tu tournes ta langue dans ta bouche
...
Tu penches un peu la tête. Elle te sert de pressoir.
Tu masses avec les pieds le dos de ta récolte."
( in "Chais" / Editions Nuit Myrtide )
J'ai toujours pensé qu'il faudra prendre la barque pour l'autre rive en étant gris, alors, avec le reste de la dive née dans les fonds baptismaux et païens de La Chapelle de Rousse, saoulons nous aussi de mots définitifs, ceux de Paul-Jean Toulet, le contrerimeur des cieux qui pleurent de joie :
"Un Jurançon 93
Aux couleurs du maïs,
Et ma mie, et l'air du pays :
Que mon coeur était aise.
Ah, les vignes de Jurançon,
Se sont-elles fanées,
Comme ont fait mes belles années,
Et mon bel échanson ?
Dessous les tonnelles fleuries
Ne reviendrez-vous point
A l'heure où Pau blanchit au loin
Par-delà les prairies ?"
Aux couleurs du maïs,
Et ma mie, et l'air du pays :
Que mon coeur était aise.
Ah, les vignes de Jurançon,
Se sont-elles fanées,
Comme ont fait mes belles années,
Et mon bel échanson ?
Dessous les tonnelles fleuries
Ne reviendrez-vous point
A l'heure où Pau blanchit au loin
Par-delà les prairies ?"
(in "Les contrerimes" / Editions Poésie Gallimard )
Et la boutanche ? c'est quoi la boutanche, hein ?
RépondreSupprimerEugénie, Eugénie...où donc avez-vous la tête ? Entre Albi et Rabastens peut-être ?
Ben c'est écrit sur l'étiquette ! Un peu de curiosité que diable !
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