Ce fut un pur plaisir, un bonheur tangible que l'amitié et ce goût pour la recherche de territoires exigeants mais sensibles permettent. Ces territoires et ceux qui y vivent sont orphelins de châteaux obséquieux, de raisins bodybuildés et d'homo festivus vinus entassés sous la férule d'organisations quasi-concentrationnaires comme bovins obéissants à l'heure où il fait soif.
Suivez mon regard, remontez ce grand fleuve qu'est La Garonne, prenez les halages de son affluent, Le Tarn, et vous êtes comme nous fûmes, à Gaillac. Aaaaah, ici on respire, simplement.
Suivez mon regard, remontez ce grand fleuve qu'est La Garonne, prenez les halages de son affluent, Le Tarn, et vous êtes comme nous fûmes, à Gaillac. Aaaaah, ici on respire, simplement.
On est à même d'apprécier le temps, "ce provisoire des merveilles" tel que le définissait Jean Malrieu, le poète né à Montauban et qui tomba amoureux de Penne-sur-Tarn, ce lieu qu'il appelait sa "vallée des rois". On le comprend dès l'arrêt du train, le nez à la fenêtre de la voiture, dans ces liserés de paysage à la petite Toscane, puis plus tard en empathie avec le vigneron au milieu des ceps de Braucol, les yeux allant du coeur des blés aux chevelures d'avoine, la tête en feu et Malrieu, toujours, dans une lettre à un ami :
" Mes fêtes d’herbes et de soleil, tu sais où elles se situent, dans les vergers, les collines dures ou molles du Tarn, mes champs de maïs et de vignes bleues."
Stéphane, Damien et Victor nous ont ouvert leur table, leur chai, leur histoire, leur âme. Ce partage avait des odeurs de cuves. Les jus qu'ils nous tendaient étaient sains, sans arrière-pensées, tramés sur un fil d'ivresse joyeux et fier. Nos sens emballés par tout ce qu'ils ont captés dans cette cosmogonie gaillacoise voudraient les remercier.
Comment y parvenir ?
C'est en rentrant que je me suis replongé dans la poétique de Jean Malrieu. Le pays que nous avions traversé exsudait des mots alignés. Mais il est un texte, presque prémonitoire, qui soudain m'a sauté au regard et aux tripes et qui je crois, dit bien cela. Que les vignerons sont ces hommes qui lisent la terre et lui écrivent des promesses. Alors pourquoi, si les vignes sont vivantes, les voudraient-ils mortes ?
Comment y parvenir ?
C'est en rentrant que je me suis replongé dans la poétique de Jean Malrieu. Le pays que nous avions traversé exsudait des mots alignés. Mais il est un texte, presque prémonitoire, qui soudain m'a sauté au regard et aux tripes et qui je crois, dit bien cela. Que les vignerons sont ces hommes qui lisent la terre et lui écrivent des promesses. Alors pourquoi, si les vignes sont vivantes, les voudraient-ils mortes ?
"Toi qui vivras plus loin que moi
Sois fidèle au soleil. Il est sous terre
Des printemps à naître qui t'épient
Et te supplient.
Garde l'eau pure et le regard heureux.
Responsable un instant de la totalité de la terre
A toi de changer l'épaule de l'aurore rêvée."
(Jean Malrieu in "La vallée des rois"/ 1° édition 1968 par Pierre Jean Oswald )
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