lundi 15 juillet 2013

Lettres à soif (16)

Le pays de Duras est bien celui des marguerites. Dilemme : la cueillir ou la lire ? L'effeuiller ou la feuilleter ? Duras c'est la Province, juste parfaite, un totem pour ce joli mot mis à l'encan parce que par trop discriminant peut-être. La Province a longtemps fait plouc à l'égal d'une brassée de marguerites qu'on porterait à un rendez-vous.

"Vous dîtes que mes prés ont trop de marguerites
Trop d'étoiles ma nuit trop de ciel mon ciel bleu"
(Aragon)

Si la fille, à qui on aurait tout pardonné - exception faite des railleries sur ces cœurs à la tempera onctueuse auréolée de sagaies de tulle lascive- se défile, on peut se consoler toutefois en avalant quelques vers d'alcools

Ceux du cher "Apo", bien sûr :

"Je ne veux jamais l'oublier
La colombe ma blanche rade
O marguerite exfoliée
Mon île au loin ma Désirade
Ma rose mon giroflier."

Oui, chagrin et vin. Le désamour monte en puissance dans l'ivresse, cette belette on s'en fout, finalement. Notre bouteille a plus de formes et ce qu'elle contient, tourneboule beaucoup mieux nos muqueuses et nos papilles.
On comptait l'enlever la donzelle, la conduire à Duras, lui permettre d'allonger ses jambes dans la combe et puis, lui la lire la Marguerite éponyme à ce territoire choisi parmi les maigres souvenirs heureux de l'écrivain- tout en versant un peu, beaucoup, passionnément du vin sur ses fesses ou entre ses seins, créant des rigoles de cosmos érotiques.
Mais la pimprenelle ne l'a point mérité, cet éloge, ce cortège bachique. 
Il ne nous reste plus alors que le cul de la chopine où se reflètent les bosses de la lune. 
Quelques instants... mes ronflements s'entendront jusqu'aux anneaux de Saturne.

"L'homme qui boit est un homme interplanétaire". (in "La vie matérielle")

Bonne nuit.

2 commentaires:

  1. Ah mon ludo, heureusement qu'il reste le vin et ses culs..........de bouteilles!

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  2. éhéhéhé...ça serait bien qu'on en parle au Moun. Y seras-tu cher Chulo ?

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